Texte publié sur le troisième numéro de @FootbyTelQuel
Aujourd’hui, je vais vous
raconter une histoire d’amour.
Je sais que ce magazine ne
s’occupe que de viriles et pileuses histoires de football, mais un peu de
poésie n’a jamais fait de mal à ce que je sache.
Il était donc une fois….une Jrada
et un Canard.
Dans la mythique forêt blanche,
la Jrada et le Canard sont voisins depuis toujours, partageant nourriture et
logis. Mais en lieu et place d’une fraternelle cohabitation, la jrada et le
canard se détestaient cordialement et ce depuis des lustres.
Ils en étaient même arrivés à
oublier qu’ils avaient pour filiation, un bienfaiteur commun : l’agneau
(enfin le gigot quoi).
La seule question qui leur
importait fut : « Qui était le plus beau de la forêt
blanche ? »
C’est ainsi, qu’au moins deux
fois l’an, la Jrada et le Canard s’adonnaient à des joutes verbales et
physiques que toute la faune et la flore de la forêt blanche craignaient et
redoutaient.
Et voilà la Jrada qui, en fin boucher, s’époumone sur une fidèle
dissection de l’anatomie du Canard jusqu’à des cavités insoupçonnées.
Et voilà le Canard qui, en docte
généalogiste, s’en va trouver des origines « cafardesques » à la
Jrada.
Et puis la Jrada qui s’enorgueillie,
en voyageuse, de ses périples en jungle Amazonienne et vers la forêt de Bavière.
Et puis le canard qui fustige la
Jrada qui, comme la cigale, est tellement fainéante qu’elle demande encore de
l’argent à sa mère.
Et ensuite la Jrada qui traite le
canard de corbeau, car lui aussi tient dans son bec un fromage.
Et ensuite le Canard qui rétorque
que lui, contrairement à la Jrada, son fromage n’a point eu besoin de lait.
Etc, etc, etc.
Et c’était ainsi, au moins deux
fois l’an, année après année.
Puis…..par un beau jour d’avril,
au rendez-vous convenu, la Jrada a porté son plus beau Tifo, affuté ses mots
les plus tendres, ses armes les plus blanches, et s’est mis patiemment à
attendre le canard pour lui exprimer toute la haine et le dégoût qu’il suscite
en elle.
Les minutes passèrent mais point
de canard à l’horizon…la Jrada eut beau l’appeler haut et fort, lui inventer de
nouvelles tares, lui trouver de nouvelles cavités, mais toujours point de
canard à l’horizon.
La Jrada passa sa journée à crier
seule sa rage, qui n’avait même plus d’écho...
A la tombée de la nuit, les
larmes aux yeux, avec ce goût de victoire inachevée, la Jrada rentra chez elle
et écrivit cette lettre au Canard.
« Cher Canard,
Il m’arrive rarement de
t’adresser la parole, du moins pas dans des mots autorisés par la loi de la
boxe, mais aujourd’hui, quand j’ai vu que tu n’étais pas là, j’ai compris que
pour moi…tu comptes.
Aujourd’hui quand j’ai vu que tu
n’étais pas là, j’ai voulu te le dire pour la première et dernière fois, car tu
m’as terriblement manqué : Cher Canard….je t’aime…reviens vite
Signé : la Jrada »
Et ils s’insultèrent, heureux,
ainsi que beaucoup de leurs enfants.
Note de la Rédaction :
« pour des raisons évidentes de machisme, cette histoire se raconte aussi
avec un Jradou et une Cane ».