vendredi 31 octobre 2008

Une valse à 30 temps

Que l’on soit blasé ou rêveur
Que l’on soit lucide ou crédule
Que l’on soit croyant ou athée
Certains hasards sont de trop
Certains instants ont le salé de l’éternité, certains agencements portent le sceau du divin.

Il pleut des trombes à Casablanca et je n’avais pas déjeuné…

Il est 20h, l’appel du corps se faisait insistant, suppliant et même exigeant. Une telle privation ne pouvant se contenter des classiques Fast Food.

Quoi de mieux qu’un restaurant français juste à côté de chez soi ?!!!!

Seul ? On ne peut lutter contre la plus élémentaire des règles : « le physique prime toujours ». Mangeons alors, seul mais bien…

A peine débarqué, que la chaleur des lieux envahit mon corps trempé, de délicieux arômes me fouettent au plus fort et le son de Piaf me réconforte au plus haut :

Non, Rien De Rien, Non, Je Ne Regrette Rien
Ni Le Bien Qu`on M`a Fait, Ni Le Mal
Tout Ca M`est Bien Egal
Non, Rien De Rien, Non, Je Ne Regrette Rien
C`est Payé, Balayé, Oublié, Je Me Fous Du Passé

Le sourire plein, le cœur regonflé et le ventre toujours vide, je m’installe et Piaf m’enhardit :

Avec Mes Souvenirs J`ai Allumé Le Feu
Mes chagrins, Mes Plaisirs,
Je N`ai Plus Besoin D`eux
Balancé Les Amours et tous leurs Tremolos
Balancé Pour Toujours
Je Repars A Zero


Mon choix est déjà fait, mon plat préféré et ma meilleure bouteille….

Je suis en train de passer commande quand Piaf me passe sa valse :

C’est la valse d’amour
Qu’on chante dans les faubourgs
C’est la romance, Que chacun danse
En attendant l’amour

Certaines entrées sont faites pour être remarquées, la sienne était tout simplement théâtrale.

Elle pénètre la pénombre de la salle, s’arrête au beau milieu, nous balaie d’un regard furtif, ferme son parapluie et dans une judicieuse intuition passe juste au ras de ma table :
Juste pas après pas, juste jambe après jambe, juste fesse rebondie après fesse charnue.

Il y a toujours un cœur ; Qui cherche un autre coeur
Alors commence ; Une romance
C’est la valse d’amour

Elle s’installe quelque tables plus loin, juste en face de moi… seule :

Il habitait juste en face de chez elle
Elle habitait juste en face de chez lui
Il a pensé: “Oh mon Dieu qu’elle est belle”
Elle a pensé: “Il n’y a pas mieux que lui”


J’avais déjà commencé à chronométrer le temps pour que son homme débarque quand nos regards se croisent, qu’elle s’y attarde, que je l’évite :

Piaf me réprimande :

Et, perdue parmi ces gens qui me bousculent
étourdie, désemparée, je reste là…..
Quand soudain je me retourne, il se recule
Et la foule vient me jeter entre ses bras...

Deuxième contact d’entre les tables, J’esquisse un sourire…elle me le rend si bien…

Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi

Le serveur vient me servir mes plats, le sien prend sa commande et moi j'accompagne :

Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l'arracher d'entre mes bras...
Emportés par la foule
Qui nous traîne, nous entraîne
Nous éloigne l'un de l'autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de sa voix
S'étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur
De fureur et de rage et je pleure


Elle passe sa commande sans attendre personne…serait-elle réellement seule ?

Mes plats refroidissent mais il y a plus alléchant : un homme manque à l’appel et j’ai toujours été bon remplaçant.

Une femme assumant de dîner seule, ne peut qu’être fondamentalement intéressante.

Un serveur en moins, Quelques verres plus tard et une douzaine de sourires plus loin, je ne sais plus trop quoi faire... quand les lèvres de mon inconnue entament le plus délicieux des play-back:

Allez, venez, Milord!
Vous asseoir à ma table;
Il fait si froid, dehors,
Ici c`est confortable.
Laissez-vous faire, Milord
Et prenez bien vos aises,
Vos peines sur mon coeur
Et vos pieds sur une chaise


Ces lèvres avaient à peine bougé que j’avais fait le voyage.


Nous avons parlé de tout, en laissant la part belle au rien. Nous nous sommes présentés en s’ignorant élégamment...deux inconnus prenant un malin plaisir à partager un dîner qu’ils avaient entamé seuls.

Le dessert était servi, la discussion avait atteint ses limites…quand aux premières notes, à la seconde près, nous avons eu tous les deux le plus rayonnant des sourires. Celui de deux éternels amoureux de Piaf, Celui de deux éternels inconnus qui connaissent parfaitement bien « la chanson ».


Fais comme si, mon amour,
Fais comme si on s'aimait,
et qu'un jour, rien qu'un jour,
L'amour c'était vrai...
Fais comme si, mon amour,
Fais comme si on pouvait,
Mon amour, mon amour,
S'aimer à tout jamais...
Fais comme si...


Il a plu des trombes à Casablanca.



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Discographie :

Non, je ne regrette rien.
La valse de l’amour
La foule
Milord
Fais comme si

26 commentaires:

Anonyme a dit…

Un texte rouge ne peut qu'etre fondamentalement intéressant !

Anonyme a dit…

Joli travail....bien ciselé!

Anonyme a dit…

Bravo l'artiste...très joli texte.

Anonyme a dit…

Bravo, et merci pour ce joli texte, j'ai plongé dedans

Anonyme a dit…

Impressionnant, rien à dire
Chapeau bas...

Anonyme a dit…

Apparement, tu as eteint ton telephone cette fois-ci avant d'aller au lit :))))

Jolie "combination" de scenes et de textes...

Je vous connais Milord,
Vous n'm'avez jamais vue...


Inspiration

Anonyme a dit…

Magnifique texte

Merci pour les liens de piaf

Anonyme a dit…

Je m'incline.

Anonyme a dit…

@hmida
Coquin va ! ;)

@Fhamator
Tu rebondis sur son inclinaison ou tu me laisses faire comme d'habitude ?

Fhamator a dit…

@tous : Merci.

@driss lebbat : fais comme chez toi, c'est fait pour ça les blogs.
Bienvenue à ton espace dans la blogoma.

Anonyme a dit…

J'ai adoré le billet! et je raffole d'Edith Piaff! surtout "milord!"
ça m'a fait une de ces nostalgie!!
mais t'en fais pas! on a tous passé par là: le repas solo, partagé par une inconnue...
hyper romantique qu'une rencontre réelle!
bravo!

Anonyme a dit…

Un clown est mon ami
Et dont le nom s’écrit
En gifles majuscules
Pas beau pour un empire
Plus triste qu’un chapeau
Il boit d’énormes rires
Et mange des bravos
Bravo! bravo!

Rass Tarrou

Fedwa a dit…

il pleut l'amour moi je dirais...
nari suis en mode z3ito avec cette pluie! llah yster :))
joli fhams

Anonyme a dit…

... avec cette pluie ! Mon zoeil !
llah yzidek quallate amour
:)


balake - balake

Anonyme a dit…

on veut plus de post more and more pleaseeeeeeeeeee cest triste tellement triste kon j ne trouv pas de nouveau post!!!!j suppose k tes sper overbooke mais vas y fais un effort pour tes fanss ki son a chak foi heureux(se)ds mon cas d savourer tes textes!!!!
imane

Fedwa a dit…

à 7didane: décidemment mon ami, y'en a qui sont à cours d'Haldol... je ne sais pas ce que ça fout à l'hosto si ça peut pas s'approvisiooner en medoc...

Anonyme a dit…

Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Ajouter à cela le manque de moyens, la peur des médicaments contenant de la mélamine, les effets secondaires… et mon psy qui lui, trouve que ma folie est juste passagère et il s en réjouit

xyz a dit…

bravo, c'est beau joli et tout et tout...mais passons à l'essentiel, quelle a été la suite??

Anonyme a dit…

@ xyz : parce que c'est ça l'essentiel pour toi? tu dois surement être une fille!!

je comprends pourquoi les ventes de Closer décollent...

Rass Tarrou toujours tarrou

Anonyme a dit…

Que de préjugés Rass Tarrou !
Rappelle-moi déjà qu’est ce que c’est que Closer ??? Toi qui semble être au courant.. :))

smarty

Anonyme a dit…

@ Smarty : si tu ne sais ce que c'est que Closer, pourquoi parles tu de préjugés?
Assumes...sinon ton message n'est pas crédible!

Rass tarrou méritant bien son surnom

xyz a dit…

@anonyme: et oui les femmes sont "fdouliate" par nature c'est dans les gênes

Anonyme a dit…

INSTANT MAGIQUE

c'était savoureux.

Houdac a dit…

Finalement je suis revenue relire ce post...lé bo!

Sara a dit…

entrain de refaire le tour de tes billets...Celui-ci me transporte tout particulièrement...
Merci monsieur...

La_Miss a dit…

Depuis un certain temps, je fais un flash back dans tes billets, il n'y a plus de nouveau malheuresement, mais je ne trouve pas un blog meilleur à lire donc je relis et je relis et je m'arrête pour commenter : ce post est vraiment poétique. je ne te pensais pas poète! Cynique, sarcastique, blagueur, mais poète? tu m'étonnes !